PHILIPPE BARAUD
Périodiquement, les bien-pensants qui rabotent patiemment notre liberté d’expression et le droit à l’information voudraient interdire à la police d’indiquer l’origine des délinquants. Les médias ont-ils pour vocation d’éduquer leurs lecteurs aux valeurs dominantes?
Il se trouve même des associations de journalistes pour affirmer qu’une telle information «n’apporte rien», et c’est un comble. Comme quoi les gens de médias sont apparemment prêts à trahir leur métier, pour se conformer aux codes de plus en plus liberticides du politiquement correct. Peut-être que bientôt, ils préconiseront la non-publication des faits divers, afin de protéger la présomption d’innocence des délinquants, qu’on ne saurait par ailleurs soupçonner d’être d’origine étrangère…
L’origine d’un délinquant est un élément d’information essentiel, n’en déplaise aux censeurs, et les journalistes ne devraient jamais faire l’économie d’informations. Elles permettent au lecteur ou à l’auditeur de se faire une représentation réaliste des événements, et lui évite de fantasmer dans le vide: «c’est sûrement un étranger…»
Plutôt que d’accepter de se couper les bras, les associations de journalistes feraient bien mieux d’exiger, au contraire, une transparence beaucoup plus grande, comme ils savent bien le faire lorsqu’ils s’acoquinent avec Wikileaks. Les journalistes n’ont pas à se demander quels pourraient bien être les effets sur la population des informations qu’ils publient – à supposer qu’elles aient un effet.
C’est mépriser le lecteur que de distiller les informations qu’on lui donne en fonction de critères subjectifs. En d’autres mots, c’est de la manipulation. Le lecteur-citoyen est un adulte, bien assez grand pour penser par lui-même. Et s’il vient à avoir de mauvaises pensées suite à la lecture d’un fait divers, c’est encore son droit!
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