La Croatie et les millions de Bruxelles pour la formation.
De Roger Köppel
Vous vous souvenez que depuis des mois nous disputons à Berne de l'extension de la libre circulation des personnes à la Croatie. Jusqu'à voilà quelques mois, le Conseil fédéral, le Tribunal fédéral et probablement la plupart des parlementaires étaient d'avis que ledit protocole sur la Croatie, qui exige l'extension de la libre circulation des personnes à ce petit État des Balkans, ne devrait en aucun cas être ratifié ni approuvé, étant donné que ce protocole, un traité international, serait contraire à l'article constitutionnel sur l'«immigration massive» de février 2014. La Constitution fédérale est sans équivoque: «Aucun traité international contraire au présent article ne sera conclu». Difficile de faire plus clair.
Foutaises. Le Conseil national vient en effet de «donner le pouvoir» au Conseil fédéral de conclure, malgré tout, le traité avec la Croatie. C'est une violation flagrante de la Constitution, même si les responsables se bercent d'illusions. Le fait est que le Conseil fédéral et une majorité au Parlement font tout pour ne surtout pas fâcher l'UE. Ils ont significativement changé d'opinion sur la constitutionnalité du traité avec la Croatie à partir du moment où l'UE a menacé d'exclure la Suisse du programme-cadre de recherche «Horizon 2020». On connaît la musique: l'étranger fait pression. Berne cède. On triture, on déforme sa propre Constitution jusqu'à ce qu'elle réponde aux désirs de l'étranger.
Source Die Weltwoche, suite de l'article en français ici
Cet article Lassés de la constitution, Éditorial de Roger Köppel, Die Weltwoche 16.06.2016 est apparu en premier sur Les Observateurs.