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Lausanne : le refuge accueilli à bras ouverts par une paroisse catholique

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Mercredi 27 avril 2016 – Sophie Dupont

Le Refuge Saint-Laurent n’est plus. Depuis mardi matin, dix migrants du Collectif R sont les bienvenus à la chapelle Mon-Gré.

C’en est fini de l’occupation de l’église Saint-Laurent à Lausanne pour le Collectif R. Dix réfugiés sont descendus mardi  matin sous-gare pour s’installer dans la salle de la chapelle Mon-Gré au boulevard de Grancy, avec la bénédiction de la paroisse. «Nous les accueillons de bon gré, de plein gré et malgré quelques résistances», sourit Gabriel Pittet, curé.

Touché par l’engagement de longue haleine du collectif, le Conseil de la paroisse du Sacré-Cœur a pris à l’unanimité la décision d’accueillir les réfugiés, contre l’avis de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud, qui refuse d’entrer en matière avec le Collectif R depuis plus d’un an.

«Notre paroisse est étonnée par ces résistances, témoigne le curé. Personnellement, je crois au Collectif R. Il faut toujours un aiguillon pour mettre sur la place publique les questions brûlantes et la migration en est une.»

Une tradition d’accueil

La paroisse a déjà une tradition d’accueil. L’appartement de la cure est mis à disposition de jeunes sans-abri. Et jusqu’au mois dernier, la salle de la chapelle Mon-Gré était occupée par une famille rom. Au moment où la paroisse apprenait son départ, elle recevait une demande d’accueil du Collectif R.

Le même jour, le pape François délivrait son appel pour plus de solidarité envers les migrants. «Il n’en fallait pas plus pour que la paroisse fasse le pas», note sa présidente Lucienne Giordano, qui espère créer des liens entre les paroissiens et les réfugiés. La durée du refuge sera évaluée à moyen terme.

Neuf hommes et une femme menacés de renvoi se partagent la salle de paroisse, un couloir et des WC. Une douche doit encore être installée. Comme au Refuge Saint-Laurent, des volontaires se relaieront 24 heures sur 24 pour assurer une présence protectrice aux requérants. Le collectif animera des cours de français et proposera des sorties accompagnées.

D’Asie ou d’Afrique

«Le refuge est une main tendue face au mécanisme légal qui ballotte les réfugiés de pays en pays», témoigne Alain Tito Mabiala, habitant du refuge. Ce journaliste congolais a quitté son pays suite à des menaces de mort. En Espagne, il a vécu «dans un abandon total» et ne s’est pas senti en sécurité. En Suisse, il a vécu dans un abri de la protection civile – «espace d’exclusion, où on nous force au communautarisme» – avant que sa demande d’asile se heurte à une non-entrée en matière, en vertu des accords Dublin.

Originaires du Sri Lanka, d’Ethiopie, d’Erythrée, de Guinée-Bissau ou d’Afghanistan, les réfugiés de Mon-Gré ont tous un long et dangereux parcours migratoire derrière eux.

Au refuge, ils attendent l’expiration du délai pour leur renvoi. Selon le collectif, 61 personnes, dont dix enfants, ont échappé à une expulsion grâce au refuge et au réseau de parrainage. «Chaque personne qui reste est une victoire», défend Annabel Glauser, en rappelant que le collectif exige un moratoire sur tous les renvois Dublin.

Députés interpellés

«La Suisse a renvoyé 2461 réfugiés en 2015, c’est proportionnellement plus que n’importe quel autre pays européen» dénonce Pierre Kohler, militant. Mardi après midi, le collectif a interpellé les députés devant le Grand Conseil pour qu’ils donnent suite à la résolution votée en mai, demandant une suspension des renvois Dublin. Il les a également invités à visiter le refuge.

L’autorité ecclésiastique juge «regrettable» l’accueil offert par la paroisse du Sacré-Cœur. «Nous sommes déçus qu’il ait lieu avec le Collectif R, qui est dans une logique d’affrontement avec l’Etat», réagit Jean-Brice Willemin, porte-parole de l’Eglise catholique dans le canton de Vaud.

Celle-ci voit d’un mauvais œil les manifestations et les revendications politiques du collectif. «Nos partenaires sont notamment le Conseil d’Etat, l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants, le Service de la population», précise le porte-parole.

 

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Ce mercredi 27 avril, le Collectif R organise à 19 h une soirée­débat au Refuge Mon-Gré. Seront notamment présents le mouvement de défense des migrants genevois No Bunkers et le collectif bâlois Wir bleiben.

 

Source : lecourrier.ch

Paru également dans la Liberté

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