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Un bourgmestre sous pression : le maire de Gevgelija, Macédoine

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LE PEUPLE.

Des dizaines de taxis attendent les migrants qui ont de l'argent pour les emmener vers le Nord.

Un bourgmestre sous pression : le maire de Gevgelija, Macédoine

De notre envoyé spécial, L. Rivet

La municipalité de Gevgelija, république de Macédoine, petite ville de 60.000 habitants, est à 650 km de la capitale Skopje et 200 km de la grande ville grecque de Thessalonique. Ils sont des milliers à arriver tous les jours dans cette petite ville à la frontière sud de la Macédoine. Aujourd’hui les migrants représentent en permanence 35% de la population. Un désastre pour la ville, nous déclare le maire de Gevgelija, Ivan Frangov, un homme solide et organisé : « aujourd’hui ils sont 7.000 à arriver, hier 5.000 et cela n’arrête pas depuis le mois d’août. Nous avons des pics au-delà de 10.000 migrants chaque jour ! »

Ivan Frangov, le maire de Gevgeliji, à la frontière de la Macédoine avec la Grèce , ne sait plus à quel saint se vouer. Ils sont 5 à 10.000 à arriver chaque jour!
Ivan Frangov, le maire de Gevgelija, à la frontière de la Macédoine avec la Grèce, ne sait plus à quel saint se vouer. Ils sont 5 à 10.000 à arriver chaque jour!

Ma ville vivait du tourisme grec, nous avons de petits casinos, mais le tourisme a nettement baissé. Les migrants suivent la voie du chemin de fer ou viennent par la montagne. Au début de cette invasion, ils étaient une centaine par jour, puis 500, puis très vite cela a été l’explosion. Ils arrivent après des marches de plus de 5 jours en Grèce ; des jeunes hommes costauds, résistants et en bonne santé. La douane grecque les laisse passer, ils sont trop contents de s’en débarrasser.

Ils achètent des T-shirts et des vêtements bon marché ici et jettent ce qu’ils ont sur eux ; n’importe où. Ils n’ont aucune notion de la vie dans nos sociétés, ne savent pas ce qu’est une toilette, jettent tout n’importe où, ne connaissent pas l’usage des poubelles et défèquent dans les entrées de maisons. Parfois, c’est l’agressivité qui domine et ils jettent à terre la nourriture qu’on leur donne, ne la trouvant pas à leur goût. »

Ivan Frangov se plaint de n’avoir reçu aucune aide de son gouvernement au début. Toutes les réserves financières de la ville ont dû être consacrées à ouvrir un camp de tentes sur un terrain militaire et à faire une route pour y arriver, à y mettre l’éclairage, à créer des latrines de grande dimensions, à accorder une aide d’urgence à l’hôpital, débordé, et à nettoyer, nettoyer en permanence… « Nous avons déjà rempli 790 conteneurs de déchets de ces migrants en un mois, et nous ne voyons pas quand cela va cesser. Il nous faudrait un incinérateur. Le 28 août, le ministère de l’Intérieur a réquisitionné tous les transports, en ce compris les chemins de fer pour les transporter vers le Nord. Et le gouvernement a heureusement envoyé l’armée pour maintenir l’ordre.

La frontière grecque est à l'arrière-plan. Ils arrivent par milliers chaque jour; de jeunes hommes à 90%
La frontière grecque est à l’arrière-plan. Ils arrivent par milliers chaque jour; de jeunes hommes à 90%

« Ça se passe relativement bien, dans la mesure où ils se séparent entre eux, entre groupes d’origines différentes. Il y a des bagarres entre chiites et sunnites, entre Afghans et autres nationalités, mais comme ils ne restent chez nous que quelques heures, cela ne dure jamais très longtemps. Rares sont ceux qui parlent l’anglais ou une autre langue internationale. L’immense majorité, ce sont des jeunes hommes de 20 à 35 ans. Il y a à peine 10% de femmes et enfants.» Ces information sont confirmées par le chef de la police locale, dont les hommes circulent dans la campagne et ramènent les petits groupes de migrants isolés.

A la question de savoir si tous ces migrants sont enregistrés, Ivan Frangov répond que « les Grecs n’ont rien fait de sérieux lors du premier accueil. Les migrants ont souvent un formulaire grec qui donne la même date de naissance et le même nom pour des tas de gens. Né le 1 janvier, pour des dizaines et des dizaines de migrants ! Il y en a qui ont mis comme nom : Barak Obama ! N’importe quoi… Ici on prend leur nom et quelques données de base, ou du moins ce qu’ils déclarent, mais impossible de faire une enquête minimum. Ils sont trop nombreux. Et puis au début, ils ont rompu les cordons de police et on a dû les laisser passer sans contrôles. Ils ont des sacs, mais aucun n’est fouillé. On ne sait pas ce qu’ils contiennent. Ils veulent tous aller en Allemagne ou en Suède et quitter la Macédoine le plus vite possible.

« J’ai dû accorder 200 nouvelles licences de taxi pour la commune. Des tas de macédoniens se sont improvisés taxis et viennent ici pour embarquer ceux qui ont de l’argent et les emmener à la frontière serbe, au Nord du pays. Il y a aussi des dizaines d’autocars en attente en permanence. D’autres prennent le train, d’autres remontent à pied.

Un groupe de pakistanais. C'est eux qui le dissent...
Un groupe de pakistanais. C’est eux qui le disent… Pourquoi les laisse-t-on rentrer en Europe?

« Nous avons maintenant l’aide du UNHCR, les Nations Unies, qui leur donnent à manger et les dirigent vers l’Allemagne. Ils ont tous des téléphones, souvent de très bonne qualité et se conseillent sur les points de passage les meilleurs. Ils sont tous connectés à internet. Et notre ville n’est pas la seule dans le cas.

« Le pire pour nous, c’est que c’est l’Europe, l’Union européenne qui nous met dans cette situation très grave. La Grèce est dans l’Union, nous pas ! Et donc c’est l’Union européenne qui exporte ses problèmes vers ses petits voisins ! C’est inadmissible. Nous faisons partie de facto de l’Europe et c’est l’Union européenne qui nous met dans la m… On a demandé aux migrants : pourquoi ne passez-vous pas par la Bulgarie et ils répondent : parce que là-bas on tape trop fort sur nous.»

Des dizaines de taxis attendent les migrants qui ont de l'argent pour les emmener vers le Nord.
Des dizaines de taxis attendent les migrants qui ont de l’argent pour les emmener vers le Nord.

A la question de savoir quelle est la nationalité des migrants, le maire explique : « beaucoup se disent syriens. Nous avons trouvé quelques groupes de chrétiens orthodoxes syriens et on ne peut pas les mettre avec les autres. En tout cas, la grande majorité vient d’ailleurs que de Syrie : beaucoup de pakistanais, d’afghans, d’irakiens, des somaliens, des soudanais, des égyptiens. Il y a vraiment de tout ! ».

Et le maire de Gevgelija, Macédoine de conclure qu’il n’a pas la moindre idée de ce qui va arriver. « On fonctionne au jour le jour », conclut-il…

Ça, c’est la situation sur le terrain, loin du discours lénifiant de notre monde politique. L’invasion, elle est là, sous nos yeux, et elle remonte…

L.R.

 

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